Chayssac
Chayssac
4/8/2025, 8:19:53 PM

𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐢𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐞́𝐩𝐨𝐪𝐮𝐞 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐢𝐝𝐚𝐛𝐥𝐞, 𝐞𝐭 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐥𝐞 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬… 𝐷’𝐸́𝑙𝑖𝑠𝑎𝑏𝑒𝑡ℎ 𝐵𝑜𝑟𝑛𝑒, 𝑑𝑒 𝑙’𝑒́𝑐𝑜𝑙𝑒 𝑞𝑢’𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑟𝑒̂𝑣𝑒, 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑛 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒, 𝑑𝑢 𝑛𝑜̂𝑡𝑟𝑒. Des petits esprits chagrins pourraient voir dans l’école un espace d’éducation, soyons fous, d’instruction. Je sais, je suis de manière indécrottable « vieille France », engoncé dans une vision passéiste du savoir. Mais, pour me rattraper, je puis dire que l’on pourrait voir dans l’école un outil d’émancipation des enfants, de lien social, de préparation à la vie dans toutes ces formes (« Freinet, sors de ce clavier ! »). Apprendre à vivre avec l’autre, avec les autres, à les respecter, à se respecter, développer la connaissance de soi, du monde qui nous entoure, se cultiver, sortir du monde marchand l’espace d’un temps, celui de la scolarisation, échapper aux diktats, aux normes parentales, à la publicité déferlante, aux injonctions féroces à consommer, à penser comme dans un fast-food, à sentir plutôt qu’à ressentir… Voilà ce que pourraient proposer comme vision de l’école ces petits esprits torves, un peu mesquins, dont je fais partie, je dois bien l’avouer. Notre délicieuse Ministre macroniste de l’Éducation Nationale a le chic pour replacer l’école au milieu de l’église libérale. Voici ce qu’elle a déclaré en effet sur LCP le 7 avril : « Il faut se préparer très jeune, dès le départ, presque depuis la maternelle à réfléchir à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier demain" C’est beau comme de l’antique ! Voilà une phrase très signifiante. Elle en « dit » long sur la perversion idéologique empruntée depuis des décennies et qui aboutit à un impératif normatif : voici l’école sommée d’avant tout répondre à l’utilitarisme économique : non, l’école ne vise pas à conduire vers une sorte de lumière laïque, à sortir de la caverne des idées reçues, elle vise, selon notre charmante Zabeth, à mener directement à la gare de triage (« arbeit macht frei »), à conduire à l’emploi. Pas au travail, non, grands dieux ! Pas à l’activité humaine intelligente, créative, émancipatrice, vous pensez ! Non, Monsieur, Madame, à l’emploi, à cette version étriquée du travail, subordonnée, asservie, utilitaire. Car ne nous y trompons pas : quand Mme Borne parle « formation » et « métier », c’est bien à l’emploi qu’elle pense. Pauvre promesse grise, calamiteuse que celle de cette boutiquière racornie. Voilà l’école de la république confondue avec le magasin entrepreneurial, avec sur la vitrine marqué : « Welcome in the Medef world ». « Tu vois, mon enfant, mon frêle petit, tu rentres à la maternelle, il est temps maintenant de prendre ta place dans le trafic social…Fini de rire, mein kind ! Projette-toi ! Tu es fait d’ailleurs pour cela, pour t’inscrire dans l’habitus, dans une place sociale…que nous avons au final d’ailleurs fixée pour toi ». Comme le monde est bien fait ! Car, ce que ne dit pas d’ailleurs la Bien Nommée Borne, c’est que de plus en plus, les jeux sont pipés, la reproduction sociale est attachée à la scolarisation de manière puissante, parce que la scolarité est de plus en plus liée aux zones d’habitation des parents, aux stratégies d’évitement mises en place par ces derniers, à la pénurie voulue et organisée de l’enseignement public, à la mise en concurrence déloyale de l’enseignement privé boosté par les fonds publics. Non, pas de liberté de l’enfance, pas de temps laissé au temps, pas d’esprit buissonnier, pas de guerre des boutons, pas de rêves, pas de mots qui s’échappent de l’ordonnancement lisse des comptables et des managers, pas de dessins fantasques, pas de construction de soi, pas de gratuité de l’école (dans toutes ces acceptions), non, l’insertion ! Tu seras un bon petit soldat de plomb, mon enfant, sur le champ de bataillé économique, bien orienté, bien « projeté ». Nous avons pour ministres des comptables qui ne savent pas compter l’indivis, la graine qui pousse, l’espoir qui accompagne, ce qu’on appelle la politique, lorsque c’est chose noble. Mais de noblesse Mme Borne ne possède que celle des courtisans asservis qui composent ce cloaque qu’on appelle le pouvoir, de nos jours. https://www.francetvinfo.fr/societe/education/parcoursup/parcoursup/parcoursup-il-faut-se-preparer-tres-jeune-des-le-depart-presque-depuis-la-maternelle-lance-elisabeth-borne_7178031.html

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