J’ai lu, il y a quelques jours « Écrans, un désastre sanitaire », dans la collection Tracts Gallimard. C’est un format court, et le propos est polémique comme il se doit pour une collection dont l’intitulé (« tracts ») affiche clairement l’envie de « faire débat ». Servane Mouton, l’auteure, est neurologue et neurophysiologiste : elle dresse ici un tableau au vitriol des effets des écrans et du monde numérique. Elle insiste sur les effets délétères pour les enfants : désarmement de l’attention, de la concentration, au profit de l’émotion ; déliaison des rapports sociaux (famille, école,…). Son propos est très alarmiste, sans doute à juste titre, en particulier si on le met en regard avec l’irruption actuelle de l’intelligence artificielle, dernier avatar surpuissant des GAFAM. La colonisation de l’esprit humain par l’outil est donc plus qu’en route, selon elle. Elle est même bien entamée : « il est encore temps d’agir » comme elle le mentionne dans le sous-titre de cet opuscule, mais il est quand même minuit moins cinq. Cette lecture m’a amené à m’interroger sur mon propre niveau d’addiction aux écrans, même si je ne plus très jeune (si, si !)… Je fais partie d’une génération singulière, celle qui a eu une jambe dans un temps ancien (si vieux que cela) du papier et du crayon, mais qui s’est acculturée progressivement à l’outil informatique, à internet au fur et à mesure où ces machines révolutionnaires envahissaient la planète, raccourcissant les distances terrestres de façon magique, multipliant les échanges entre les personnes (pas toujours en les enrichissant), lissant le travail humain pour l’automatiser parfois. Pour tout dire, malgré une résistance initiale, je me suis laissé faire, je me suis laissé entraîner par ce mouvement technologique, éteignant en moi les vieilles pratiques d’écriture à la main, accompagnant les sautes du progrès toujours un peu en retard, mais quand même… Au final, je me sens envahi par ces prolongations de moi-même, par ces objets inanimés auxquels les algorithmes et les chiffres donnent la vie : et il est difficile de s’en défaire, comme s’ils composaient une sorte de peau. Certes, ils me permettent d’agir à distance, d’être efficace… Mais j’ai du mal à leur dire « non ! », à leur fermer la porte à certains moments, à construire des limites à cette surutilisation. Je recommande donc ce « tract » Gallimard, qui a le mérite de faire réfléchir !
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